"Au sud -ouest de l'Iran, Dans les contrés du sud-ouest de l’Iran, les nomades Gashgai tissaient des tapis à fond brun tirant sur le rouge, dont le motif central est un médaillon repris à chaque angle. Faune, flore et personnages sont leurs sources d'inspiration pour des pièces à trame de coton. La ville de Shiraz, située é 70 km de Persépolis, offre des tapis plus simples, un peu rustiques, et moins serrés que ceux des Gashgais, avec un velours en laine, une chaine et une trame en laine ou en poil de chèvres, et une densité de 100 000 é 01 42 84 33 60 noeuds/m². Le tapis de Moud arbore souvent un motif végétal, structuré en nombreux caissons avec une bordure. Le tissage met en oeuvre un double fil de trame assurant une bonne robustesse. Moelleux grâce à sa laine épaisse, il intègre parfois de la soie. Les modeles dont la chaine et la trame sont en coton et le tissage en velours de laine sont les Keshan. Ils plébiscitent un décor de médaillon central, entouré de végétaux, dont les teintes dominantes sont le rouge et le bleu. Les Beloutche sont exécutés par un peuple de nomades vivant entre Iran et Afghanistan : ces tapis serrés et d' une grande finesse sont plutôt petits. Les couleurs optent pour les tons rouge soutenu, bleu foncé, noir et marron. Les motifs sont géométriques.
L'Iran est exemplaire de cette coexistence de traditions urbaines et nomades. Les tapis persans étaient réputés dès l’Antiquité. Même si nous n’avons guère de restes, et à peine quelques représentations dans certaines miniatures du XVème siècle, il y’ a eu une longue tradition tapissière urbaine avant la dynastie safavide. Celle-ci, à partir du XVIème siècle, favorise les ateliers d'Etat spécialisés dans les tapis persans de cour et influence l'art d'autres pays. Le tapis persan est très à la mode en Europe au XIXème siècle, à tel point que les marchands de Tabriz créent des ateliers spécialement pour l’exportation. Aujourd'hui, nombre de tapis persans proviennent de centres urbains .
Pour l'Azerbaïdjan perse, ce sont Tabriz, Karadjah, Meshkin, Heriz, Ardébil. Pour les provinces centrales, Téhéran, Sarouk, Ferraghan, Serabend, Lilian, Veramin, Koum et Kachan. Pour la province d'Ispahan, outre la ville d'Ispahan elle- même, Joshafgan, Nain, Bakhtiar et Yalameh. Le Khorassan (Khorassan et Meched), la province de Kirman (Kirman et Afshari), celle du Pars (Louri, Chiraz et Kachgai), celle du Kurdistan (Senneh et Bidjar) ont aussi leurs centres typiques. La production de ces centres urbains se caractérise par l'emploi des matériaux les plus riches, la soie en particulier, par des couleurs nombreuses et délicates et des motifs aux contours fins et précis, non géométrisés. Pourtant, à côté de cette longue histoire du tapis persan sédentaire, voire de luxe ou d'exportation, il faut faire une place aux tapis persans des tribus nomades ou semi- nomades, souvent dans les régions montagneuses.
En Iran, les tribus lurs et bakhtiyari, sédentarisées de force par Reza Shah dans les années 1930, produisent des tapis persans très géométrisés, aux thèmes animaliers, sous forme de kilims, de soumaks ou de tapis persans noués à nœuds symétriques ou non. La désignation générale de "tapis bakhtiari" (ou « bakhtiar ››) se réfère désormais aux productions d'ethnies turques (mêlées à des minorités persanes et arméniennes) de la région de Chahat Mahal. Leurs proches voisins, les Kurdes d'Iran, eux aussi partiellement sédentarisés (en particulier dans les deux grands centres de production de Senneh et de Bidjar), possèdent un répertoire différent suivant les tribus. Ainsi, les senneh anciens utilisent la forme de l'hexagone et multiplient les motifs « hératis » aux palmettes et aux feuilles colorées.
Semi-nomades, les « Shashavans » du Nord-Ouest, qui sont de langue turque, produisent des tapis persans dits « kilims » beaucoup plus épurés. lls sont réputés pour la qualité de leurs « khourdjines ». Les tribus bakhtiyari fabriquent des tapis-sacs mêlant technique du nœud, du kilim et du soumak, et des tapis-jardins. Les tribus béloutches du Sud-Est et les Turkmènes, que l'on retrouve aussi en Asie centrale, possèdent un artisanat réputé et une grande Variété de décors. Les tapis persans dits des « vieux» ou des "nouveaux" ballouchi ou "Béloutches" (les deux tribus de nomades turkmènes qui pratiquent cet artisanat dans l'est du Khorassan persan) mêlent des éléments d'inspiration turkmène (tons Bruns, rouges et bleu foncé, hexagones, losanges et autres formes géométriques) avec les thèmes naturalistes et floraux d'inspiration persane.
Les tribus du Pars de la région de Chiraz produisent plusieurs types de tapis persans, caractérisant chacun une confédération. Les kashgai aux coloris très vifs sont prisés des marchands. Les afshars, plus rustiques, qui utilisent conjointement laine et coton, nœud turc et persan, sont réputés de moindre qualité, peut-être en raison de la décoration à figures géométriques plutôt moins fines que dans les autres styles. Les Khamseh sont des tribus d'ascendance arabe dont les tapis persans, à nœuds relativement gros, contiennent souvent une multitude de petits oiseaux stylisés ou le motif de la grenade."